Faire vivre une portée 

Notre Qoxynel attendait ses chiots pour la fin du mois de mars. En fin de journée du 26, je vois que le travail ne va pas tarder à commencer. Je me dis que ce sera pour cette nuit. À 23 h 00, Qoxynel montre des signes évidents d'un déclenchement de mise-bas. Je me prépare à passer la nuit vers elle. À 1 h 00, sa respiration se fait intense et le premier chiot arrive à 2 h 15. Les autres suivent jusqu'à 7 h 00. Finalement, 8 magnifiques chiots sont là. Tout s'est bien passé, je suis contente. 

Après la naissance, je mets la maman au propre, je la nettoie, change la caisse de mise-bas afin que tout le monde soit au sec, au propre et que la chienne puisse se reposer de son excellent travail. J'essaie alors de mettre les chiots à téter. Les premiers nés vont déjà téter pendant la naissance des autres, mais quand tout le monde est là, il faut que chacun trouve sa place pour s'alimenter au plus vite. Malheureusement, les mamelles de Qoxynel sont mal formées, grosses et difficiles à prendre dans la gueule pour les chiots. Ils ont de la peine à "clipper", comme on dit. De ce fait, ils n'arrivent pas à faire le vide d'air pour tirer le lait. Certaines mamelles vont bien, mais d'autres sont quasiment inutilisables. Les chiots s'énervent, se bousculent, pleurent ; ils ont faim... La mère s'énerve également, car elle entend ses chiots qui ont besoin d'elle. 

C'est pénible à vivre, quand les chiots sont vigousses, surtout s'ils sont nés avec un bon poids !  Rien ne devrait les empêcher de vivre... Mais ces mamelles ne vont pas. C'était déjà ainsi lors des précédentes mises-bas, mais j'espérais qu'avec le temps, les tétées précédentes auraient formés ces mamelles. Malheureusement pas ! Comme les chiots sont nombreux, il faut du lait pour chacun, et surtout une bonne place, car les costauds savent rapidement trouver leur chemin. Ils retourneront sur les mêmes mamelles, qui vont bien. Il peut aussi arriver que deux chiots veuillent la même mamelle, et pas une autre. Ils vont alors perdre du poids, se sécher, à cause de la lampe que l'on met pour apporter de la chaleur. Ils commenceront à perdre en vitalité, à vivre sur leurs réserves, à se laisser aller et finiront par mourir, si on ne fait rien.

J'ai essayé de clipper un maximum les chiots à la mère, toutes les deux heures, nuit et jour. Je me suis vite rendu compte que si je n'aidais pas avec un biberon, ça n'irait pas ! C'est bien là toute la difficulté : savoir à quel moment intervenir. Mon expérience me parle rapidement. La montée de lait s'est faite. Qoxynel est pleine de lait, elle aurait largement assez pour toute l'équipe, mais ils n'arrivent pas à la vider à cause de la grosseur de ses mamelles, qui les empêchent de tirer correctement le lait. C'est sûr qu'ils n'ont pas encore assez de force pour ça. Ils risquent de perdre du poids, ce que je ne veux surtout pas. La montée de lait est puissante. En quelques heures, c'est l'engorgement des deux chaînes mammaires. Je n'ai pas le choix, je nourris au biberon toutes les deux heures, puis toutes les quatre heures, afin de bien hydrater les chiots. 

Vidéo

Je surveille la maman après la tétée au biberon. J'essaie toujours de mettre les chiots aux mamelles, même s'ils ont bien bu au biberon. Le contact avec la mère reste vital pour les jours suivants. À la longue, ils finiront par réussir à aller aux tétines. Je dois absolument soulager Qoxynel de cette situation qui est très douloureuse pour elle. J'ai demandé à Nadine de rester toute la journée à côté de la caisse de mise-bas pour clipper les chiots, mais les heures passent et le risque de mammite (inflammation avec abcès de la chaîne mammaire et éclatement des chairs) existe. 

Je ne veux rien de tout ça. J'applique alors sous le ventre de Qoxynel une crème décongestionnante très efficace, au risque de perdre le lait, mais il faut agir pour tout sauver. Après quelques heures, j'ai eu l'idée de traire ma chienne, chose que je n'avais jamais faite auparavant. Qoxynel se laisse bien faire. Je sens que je la soulage enfin de ce mauvais passage. Je trais ainsi 60 ml de lait maternel dans mon biberon !

Elle a été très brave. Je suis venue pendant la nuit donner le lait de la maman. Les chiots ont adoré... Une fois de plus, je me suis rendu compte à quel point ça peut être difficile parfois de faire vivre une portée, de savoir à quel moment il faut intervenir pour tous les sauver. Il fallait que la mère garde son lait, joue son rôle. Elle doit être attentive à ses chiots, car eux aussi peuvent avoir une occlusion si elle ne les lèche pas pour qu'ils puissent bien faire leurs selles. 

Je n'ai eu à appliquer la crème aux chaînes mammaires qu'une seule fois. Les mamelles se sont détendues ensuite. J'ai donné un biberon toutes les quatre heures pendant une semaine, jusqu'à ce que les chiots soient à nouveau tout beaux. C'est le défi à relever. Il ne faut pas qu'ils perdent leur vitalité. Ils doivent absolument prendre du poids. Je les ai pesés plusieurs fois par jour pour contrôler. La prise de poids était variable, parfois 10 grammes, ou seulement 2, en 24 heures. Le principal reste qu'ils ne perdent pas... La vie est devant. 

Quand les chiots sont bien hydratés, leur peau est tendue, le poil est brillant. Sinon, le poil fait des plis, il est "marbré", comme j'appelle ça. Dans ce cas de figure, le biberon s'impose ! Le miracle arrive quand ils vont tous se servir chez maman environ 70 fois par 24 heures, qu'ils ont réussi à trouver leur place, et surtout qu'ils arrivent à téter. Le poil brille, la prise de poids est régulière pour chacun, c'est gagné. Ils vont aller de l'avant !

À ce moment-là, ils ne veulent plus de maman n° 2. Je dois alors m'éclipser pour quelques jours, environ une bonne semaine, pendant laquelle le lait maternel va bien les satisfaire, pour autant que la production de la mère soit suffisante. Notre Qoxynel n'est pas une grande laitière, mais avec plusieurs bons repas par jour, c'est parfait ! J'ai pu dormir la nuit, elle a pu jouer son rôle de super mamie...

Voilà comment on réussit à faire aller une portée en avant. 8 chiots pour une femelle springer spaniel anglaise, c'est une belle portée, alors une fois de plus, la volonté, l'endurance, l'énergie jour et nuit portent leurs fruits. La passion a son prix. 

C'est ainsi que le savoir-faire, l'observation, les soins prodigués à la chienne et, parfois, l'imagination dont il faut faire preuve pour essayer de traire sa chienne, sont cruciaux durant les premiers jours de vie des chiots. Les chiots vont vite se gaver chez la mère quand tout va bien. La prise de poids peut alors aller de 20 à 50 grammes par jour et par chiot ; c'est magique. 

Quelques jours plus tard, pour une grande portée, il faudra à nouveau aider la mère qui n'arrive pas à fournir autant de lait à ses petits gloutons. Dès lors, ils sont contents de boire au biberon, car ils se rendent bien compte qu'il n'y a pas assez chez maman !

Deux fois par jour, le matin et le soir, je les biberonne pour les calmer, jusqu'à environ 3 ou 4 semaines. Ils commenceront alors à laper une soupe à la gamelle. Ce sera plus simple pour tout le monde. La vie continue...

En route pour les prochaines mise-bas 2021 sans traite, on le souhaite !

À bientôt

Catherine

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