Le miracle de Rosette

Un mois après la saillie faite en Allemagne chez notre amie Monika Bollinger de Schloss Hellenstein, notre Rosette a montré des signes de fatigue. Elle avait de la peine à se mouvoir, elle faisait le dos rond, comme si elle avait une douleur à la colonne vertébrale, ou à une patte arrière. Un effet de boiterie à la patte arrière gauche nous a alors sérieusement inquiétées. Le samedi 23 octobre, nous avons fait venir un vétérinaire ostéopathe pour une consultation qui dura 45 minutes. Après les manipulations, il nous a dit qu'il ne comprenait pas trop ce qui arrivait, mais qu'il fallait laisser Rosette au repos jusqu'au lundi et lui redonner des nouvelles. 

Mais Rosette s'est affaiblie radicalement durant le week-end, au point de ne plus pouvoir se lever. Elle n'arrivait plus à marcher. Cependant, sa queue était toujours active, comme une vraie cocker. On voyait qu'elle n'avait plus de force, mais elle ne montrait aucun signe de douleur. À rien n'y comprendre...

J'ai téléphoné à mes deux vétérinaires pour leur expliquer la situation. Comme Rosette était gestante de plusieurs semaines, les deux m'ont dit que l'on ne pouvait donner aucun médicament, à cause des chiots. Le mardi, Rosette était au plus mal selon moi. Je souhaitais aller au Tierspital de Berne. (Elle faisait ses besoins couchée. Pour moi, c'en était trop !) Seulement, pour entrer au Tierspital, il faut qu'un vétérinaire vous y envoie. Il était même impossible d'y être reçues en urgences. Mes vétérinaires ne pouvaient pas faire d'examens plus approfondis (échographie, etc.). J'ai donc dû me résoudre à conduire Rosette à Lausanne, à la clinique Médi-Vet. Après une longue attente, la vétérinaire de garde m'a dit que ma chienne avait probablement une maladie neurologique, mais qu'il n'y avait pas de spécialiste à ce moment-là pour l'examiner. Il m'a donc fallu la laisser jusqu'au lendemain pour avoir l'avis des autres vétérinaires. La laisser là-bas en pleine gestation n'était pas simple...

Le mercredi 27 octobre à midi, j'ai reçu un message vocal de la vétérinaire de Medi-Vet. Elle me disait que le contrôle de médecine interne n'avait rien donné, qu'ils ne comprenaient pas ce qui se passait, que Rosette avait bien mangé et qu'ils avaient vu 3 à 4 chiots à l'échographie, mais qu'ils ne savaient pas s'ils étaient tous vivants. N'ayant pas de spécialistes en neurologie, elle me recommandait de faire une échographie abdominale pour écarter tous les problèmes internes et d'aller à Berne pour un examen neurologique. À 15 heures, j'ai reçu un appel. Il me fallait aller au plus vite au Tierspital, ils m'attendaient là-bas. J'étais à La Roche, je devais aller chercher ma chienne à Lausanne et être avant la fin de l'après-midi à Berne. Le stress m'a alors envahie un moment. Comment faire un miracle ? 

Heureusement pour nous, ce jour-là, mon chien de toilettage venait d'Épalinges, au-dessus de Lausanne. Je me suis permis d'appeler les propriétaires pour leur demander s'ils pouvaient me rendre service et aller récupérer Rosette au sud de Lausanne avant de venir chercher leur compagnon au Chenil. Très aimables, ils m'ont répondu qu'il n'y avait pas de problème. J'ai ainsi pu terminer mon travail avec mes chiens. 

À 17 heures, ne les voyant pas arriver, j'ai téléphoné à Berne pour les avertir que je ne serais pas avant 18 heures sur place. On m'a alors répondu : "Pas de stress, Madame, faites gentiment. Quand vous arriverez, si le neurologue n'est plus là, on l'appellera pour qu'il revienne !"

Mes gentils clients sont arrivés à 17 h 30 à La Roche, très contrariés d'avoir dû attendre à la clinique de Lausanne 30 minutes avant que l'on daigne mettre Rosette dans leur voiture. Je suis arrivée à Berne à 18 h 15. Ma chienne a été prise tout de suite sur un charriot. J'étais alors contente de voir que j'étais attendue. Ce n'est toutefois que vers 21 h 30 que l'on m'a priée de suivre une vétérinaire en consultation. Elle m'a expliqué que ma chienne avait une maladie des nerfs périphériques, raison pour laquelle elle n'arrivait plus à marcher. Elle ne souffrait pas, mais, compte tenu de sa gestation, cela posait plein de questions auxquelles la vétérinaire ne pouvait répondre sur le moment. Rosette devait rester là pour être vue le lendemain par un neurologue. On m'a alors priée de bien vouloir signer un devis d'hospitalisation de 2500 francs. Quand j'ai demandé de justifier cette somme, la vétérinaire m'a répondu qu'elle n'était que la vétérinaire de garde. J'en avais assez de cette manipulation, de voir les centaines de francs défiler depuis quelques jours, sans réponses valables (ostéopathe, Médi-Vet, etc.). J'ai refusé de signer pour ce montant et demandé combien cela coûterait jusqu'au lendemain. On m'a répondu 450 à 500 francs, avec les différents examens. J'ai alors signé pour 1000 francs, ce qui laissait 500 francs à disposition pour le neurologue qui n'était malheureusement plus là ce soir-là. Rosette est donc restée pour une nuit, sans trop comprendre ce qui lui arrivait. 

Le jeudi 28 octobre, le diagnostic est tombé. Elle souffrait d'une polyradiculonévrite. Il lui fallait absolument des séances de physiothérapie pour améliorer son état général. Aucun médicament n'a été prescrit, seulement de la vitamine B et du calcium en tablettes. Il était assez urgent de se rendre chez une vétérinaire physiothérapeute pour faire une première évaluation et apprendre les mouvements à faire à la maison pour l'aider. Selon le neurologue, cela pouvait prendre des semaines voire des mois avant que Rosette en récupère toutes ses fonctions. On a donc pris rendez-vous rapidement à la clinique Indika à Semsales, où la doctoresse Challande a vu Rosette le 4 novembre. Elle a montré à Nadine les mouvements et les gestes à faire à la maison et conseillé de faire une échographie de l'abdomen afin de savoir si les chiots allaient bien et combien il y en avait. 

Le 5 novembre, on a pris rendez-vous à la Clinique In-Moos à Ins pour faire une échographie. Ils ont un spécialiste sur place pour les radiographies etc. Nadine est revenue très contente de son rendez-vous. Il y avait 6 chiots, bien vivants. La spécialiste a toutefois conseillé de prévoir une césarienne pour la mise-bas. Rosette, qui vit avec Nadine, a eu la chance d'avoir son infirmière à domicile. Les jours passant, avec beaucoup de patience pour faire marcher Rosette avec un harnais fait de morceaux de couverture douce, avec la stimulation nécessaire pour la faire venir à elle, Nadine a réussi à lui faire bien récupérer. L'on prévoyait alors de faire une césarienne à la clinique In-Moos. Grâce à un suivi de température chez la future maman, on peut savoir quand elle va se déclencher, sauf changement de température rapide... 

Le 18 novembre, la doctoresse d'Ins nous a appelé pour nous informer que si Rosette se déclenchait en dehors des heures d'ouverture, nous devrions aller dans une autre clinique, à Thoune, avec qui elle travaille. Ils étaient au courant là-bas de la situation. Il fallait les appeler et se rendre sur place. J'ai alors demandé le prix d'une césarienne à Thoune, sans obtenir de réponse, le prix dépendant du tarif d'urgence, nuit ou week-end. Je me suis alors dit qu'il n'y avait décidément rien de simple et qu'il faudrait voir. 

Les jours passant, notre Rosette s'améliorait dans ses mouvements. Sa démarche devenait meilleure et elle arrivait à faire de nouveau ses besoins debout. Elle avait bon appétit, ce qui nous a réjouies pour la fin de sa gestation. 

Le mercredi 24 novembre au soir, j'ai dit à Nadine qu'elle devrait installer Rosette, que celle-là pourrait bien se déclencher. Sa température était stable, elle ne montrait pas de signe de ce côté-là. Nadine m'a répondu qu'elle verrait le lendemain, qu'elle la ramenait encore ce soir-là chez elle. 

Mais à 23 heures, mon natel s'est mis à sonner. "Maman, Rosette a fait un chiot dans sa corbeille..." Je lui ai dit de faire une bouillotte, d'envelopper le chiot dans un linge et de venir installer Rosette au Chenil afin que l'on décide si l'on va à Thoune. À 23 h 15, Rosette a descendu les escaliers, contente de venir au chenil pour faire ses chiots. Elle m'a surprise, dans la nuit, avec son agilité à descendre les marches enneigées. J'ai alors décidé de l'installer avec son premier chiot et de voir comment elle se comportait. Très calme, elle a eu ses contractions. Je l'ai observée jusqu'à l'arrivée du deuxième chiot et j'ai dit à Nadine: "On va lui faire confiance, je pense qu'elle va y arriver." Quand je l'ai vue descendre les escaliers, j'ai pensé qu'elle avait l'air motivée de venir faire ses chiots chez nous. Je ne voulais pas partir au milieu de la nuit pour Thoune et la stresser davantage. Nous avons choisi de lui faire confiance, de penser que ça allait aller. Je ne vous cache pas que je l'espérais de tout coeur, car si elle n'avait pas eu la force d'expulser l'avant-dernier ou le dernier chiot, ça aurait été la catastrophe. Une fois de plus, mon instinct m'a bien récompensée, car à 2 h 30 du matin, le miracle s'était produit. Merci Rosette ! Ses 6 chiots étaient nés, tous vivants. C'était une belle mise-bas !

Nous l'avons mise au propre avec ses petits. Elle s'en est bien occupée, les a léchés pour bien les sécher. Ils sont allés aux mamelles, magnifique ! Voilà une bonne chose de faite, comme on dit. La suite reste à faire... Les poids de naissance n'étaient pas énormes, alors d'entrée de jeu, il fallait aider les chiots, les hydrater rapidement. La valse des biberons a commencé toutes les deux heures, mais étant donné le peu de force pour téter, même au biberon, c'était impossible. Alors je les ai gavés avec une seringue. Ils prenaient 2 voire 4 grammes de lait par fois, pendant plusieurs jours. Ils avaient de la peine, mais ils étaient vigousses, c'est qu'ils voulaient vivre ! Ces gavages à la seringue doivent être minutieux. Il faut faire attention de ne pas noyer les chiots. Ils doivent déglutir gentiment, mais cette méthode est assez efficace. 

Après sa mise-bas, Rosette n'avait pas d'appétit, ce qui arrive parfois chez certaines chiennes. Et l'estomac vide ne va pas remplir les mamelles. Nous avons boosté Rosette avec une pâte de vitamines qui redonne de la vitalité. Elle se déplaçait de mieux en mieux et elle recevait deux fois par jour du lait avec de l'Ovomaltine, ce qui donne du bon lait maternel, plus nourrissant. Les chiots allaient bien, ils prenaient du poids chaque jour. Même quelques grammes en 24 heures me satisfaisaient. J'ai eu du souci pendant 10 jours. Après, Rosette allait beaucoup mieux, les chiots avaient la force de téter chez maman. J'ai pu reprendre mes nuits. C'était gagné. Le miracle de Noël s'est produit. Je vous laisse admirer le courage de Rosette avec ses protégés. 

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Nous vous souhaitons de bonnes fêtes !

Catherine et Nadine

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